Non aux incinérateurs de
Camargue et d'ailleurs ...
Mardi 14 octobre à Nîmes, le WWF a
tenu une conférence de presse sur le thème « Déchets - Santé
publique : Non aux incinérateurs de Camargue », avec Daniel RICHARD,
président du WWF-France, ainsi que la
participation de Victor-Hugo ESPINOSA, président d'Ecoforum. Autres
photos de la conférence -->
Cliquez ici. Transparents de Victor-Hugo ESPINOSA sur
l'incinération (format Powerpoint) :
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4.
Dossier incinérateur complet -->
Cliquez ici.
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Texte de l'intervention de Victor-Hugo ESPINOSA.
Après les vaches folles ... les incinérateurs nocifs...
« Lorsque le dernier arbre aura été abattu, le dernier fleuve
pollué, le dernier poisson capturé,
vous vous rendrez compte que l’argent ne se mange pas » (Chief
Seattle, 1854).
L’incinération des déchets en question.
La fermeture prévue de 6000 décharges en 2002 ? et les
difficultés de mettre en place des marchés de produits recyclés
ouvrent la voie à l’incinération.
Face aux 100 milliards de francs que représente le marché en
France, la Lyonnaise des Eaux et la Générale des Eaux qui
détiennent le monopole national agissent de façon unilatérale
pour faire accepter les usines d’incinération par la population
et surtout par les élus. Nous rendons responsable, dès
maintenant, tous les élus qui accepteront un tel programme, qui
comporte des conséquences inévitables et nocives pour notre
santé et pour notre environnement.
En 25 ans, en France, la quantité d’ordures ménagères a doublé,
arrivant au chiffre de 20 millions de tonnes par an.
Pour l’avenir, nous sommes face à la volonté de ces lobbies
cherchant à doubler dans les 5 ans, les Parcs d’incinérateurs en
France, gros bénéfices à la clé, payés par vos impôts.
La construction d'un incinérateur est un investissement lourd et
une fois construit il faut le rentabiliser, en lui fournissant
une masse de déchets constante voire en augmentation, en
empêchant la mise en place des programmes de réduction des
déchets à la source, de recyclage et du compostage. Le problème
de fond est la réduction de la quantité de nos déchets et de
leur toxicité.
Le recyclage du papier ne semble plus à l'ordre du jour, parce
qu’il va plutôt servir de combustible pour l'incinérateur. Tant
pis pour les forêts qui sont les poumons de notre planète. Plus
on brûlera de déchets, plus l’investissement incinération sera
rentabilisé. Au lieu d’encourager la réduction de la quantité de
déchets, l’incinération pousse à la consommation et au
gaspillage.
Une substance doit être considérée comme nocive ou toxique
lorsqu’elle entraîne une perturbation inadmissible et une
nuisance sur l'homme et sur l'environnement, directement ou
indirectement par son accumulation dans le milieu.
L’incinération des déchets et la santé publique
Comme la maladie de la vache folle qui est la conséquence d’un
ultra-libéralisme (vamos à la playa !!!) qui privilégie la
rentabilité au détriment de la santé publique, nous considérons
que si le projet d’incinération en France aboutit (250 moyennes
ou grosses unités d’incinération), les problèmes de pollution et
de santé seront au moins aussi dramatiques. Sans compter les
répercutions financières sur la Sécurité Sociale.
Car un incinérateur rejette des produits toxiques : gaz et
déchets ultimes (cendres et mâchefers). Parmi eux, les dioxines,
les furanes et 1300 autres moins connus, qui contaminent
l’environnement et la chaîne alimentaire où notre corps est la
décharge finale.
Surtout il ne faut pas oublier que dans les déchets ultimes,
produits par l’incinération, il subsiste une quantité importante
de métaux lourds qui polluent les nappes phréatiques par
phénomène de lixiviation (entraînés par les eaux des pluies). Il
en résulte des danger divers.
Le Cadmium a des effets aigus et des effets chroniques : lésions
rénales, puis hypertension et lésions osseuses. Quant au Plomb,
le saturnisme est maintenant bien décrit : anémie, maux de tête,
perte de poids, irritabilité, paralysie du larynx et très
probablement une atteinte à la production de sperme chez
l’homme.. Le Mercure est un toxique cumulatif, tant pour les
végétaux que pour le règne animal.
Plusieurs études ont démontré qu’une exposition à ces produits
peut causer des cancers, des malformations à la naissance et des
fausses couches. Ces produits peuvent également causer des
lésions importantes dans le système de reproduction, provoquer
la stérilité, affaiblir le système immunitaire et être à la
source de problèmes aux reins, au foie et aux poumons. Des
recherches récentes ont suggéré des liens possibles entre des
formes de cancers rares comme le cancer du larynx chez l’adulte
et la présence d’incinérateurs de produits toxiques.
Car ces gaz toxiques se retrouvent dans le lait maternel des
femmes de nos pays industrialisés à un taux 100 fois supérieur à
la norme O.M.S. (Organisation Mondiale de la Santé)... ce qui
veut dire que le lait maternel serait interdit s’il était en
vente en pharmacie!
Les normes protègent mal la santé.... un grand nombre de
molécules ne sont pas analysées, de nombreux composés inconnus
se forment, échappant à toute analyse. Mais surtout, les normes
sont définies par chaque produit isolé. Dans la réalité, on a
affaire à des mélanges complexes et variables qui potentialisent
leurs effets et invalident les normes, ce qu’aucun toxicologue
ne conteste. Une solution serait d’interdire l’incinération des
emballages plastiques ou encore mieux : en Suisse, les
bouteilles plastiques (générant de la dioxine) sont interdites
depuis 1990 et en Allemagne consignées depuis 1989.
Afin de ne pas laisser la santé publique céder le pas aux seuls
intérêts industriels, Greenpeace a invité récemment en France
Paul Connett (*), chimiste américain, spécialiste des dioxines,
qui fait partie de la commission mise en place par l’US EPA sur
la réévaluation de la toxicité de la dioxine, commission dont
les conclusions sont attendues -avec angoisse- par certains
industriels pour la fin de cette année.
Il en ressort que la dioxine est un puissant dérégulateur
hormonal. Etant donné que cette substance contamine le lait de
vache dans plusieurs départements français et que le lait
maternel est également atteint, il nous semble important
d’éviter un confinement de l’information tel qu’il a pu exister
pour l’affaire du sang contaminé.
La dioxine est maintenant reconnue pour être un puissant
dérégulateur du vivant. Il détruit les systèmes hormonaux et ce
faisant, remet en cause la croissance, le développement et la
régulation des êtres vivants. Ceci est particulièrement grave
étant donné que le nourrisson est celui qui reçoit les plus
fortes doses de dioxines par le lait maternel.
Les filtres à poussière électrostatiques, les laveurs de fumées
ne sont conçus que pour des polluants émis en très grande
quantité (SO2, HCL, NO, poussières) et sont loin d’être
efficaces à 100%.
Les vaches ne sont pas folles : elles disent non aux dioxines
dans leur lait !
Selon un document - non publié - du Ministère de l’Agriculture,
le lait de vache est contaminé par les dioxines dans plusieurs
départements de France. Selon l’ADEME, la principale source de
pollution par les dioxines est l’incinération des déchets.
10 fois plus de création d’emplois avec le tri recyclage plutôt
qu’avec l’incinération
Le développement des équipements pour la collecte sélective, à
la récupération et au tri, permettrait la création de 10 fois
plus d’emplois parce que l’incinération utilise des techniques
très automatisées
L’écoulement du temps joue contre notre santé
Beaucoup de gens se demanderont, « les incinérateurs existent
depuis longtemps et nous sommes toujours vivants ». Le problème
réside dans la prochaine et rapide augmentation du nombre
d’incinérateurs ainsi que dans le laps de temps pour que les
effets nocifs par accumulation deviennent cancérigènes puis
mutagènes. Grâce à l’avancement de la médecine, nous savons
aujourd’hui que ces produits toxiques sont nocifs, donc nous
devons réagir.
Conclusion
L’incinération coûte 2 fois plus cher que les autres techniques
de traitement des ordures ménagères, parce que :
- elle est polluante, donc occasionne une augmentation des
dépenses de santé
- elle ne supprime pas la décharge, au contraire, elle en crée
une supplémentaire
- elle absorbe les capacités financières utilisables pour le
tri-recyclable et la collecte
- elle casse une logique de développement local emploi
- l’énergie récupérée sous forme de chaleur ou d’électricité, à
partir de l’incinération des ordures ménagères est dérisoire par
rapport :
- à l’énergie nécessaire pour renouveler la matière incinérée,
- à l’économie d’énergie obtenue par recyclage de ces déchets.
Dans une perspective de saine politique en santé publique, il
serait nécessaire de développer les écoproduits. Ce sont des
produits qui au cours de leur cycle de vie génèrent un minimum
de facteurs d’impacts sur la qualité de l'air, de l'eau et des
sols, tout en générant un minimum de déchets non toxiques,
récupérables, recyclables ou biodégradables.
Règles indispensables
- Ne pas mélanger les diverses catégories de déchets
- Ne pas brûler les matières réutilisables, recyclables ou
fermentescibles.
- Recycler les matériaux aptes à être réutilisés dans
l'industrie.
- Restituer la matière organique au sol
- Récupérer l'énergie de la matière (méthanisation)
- Réduire la quantité de déchets produite.
Le droit à la contre-expertise est impératif dans une vrai
démocratie. Les contre-pouvoirs doivent disposer de véritables
moyens financiers pour informer, contrôler, analyser et
intervenir sur un plan juridique.
La sensibilisation sur l’ensemble des acteurs (industriels,
collectivités, consommateurs) nécessite une politique cohérente
et globale de maîtrise des déchets et le développement des
actions éducatives à toutes les étapes de la scolarité.
CHARTE DE LA COORDINATION NATIONALE CONTRE L’IMPORTATION, L’EXPORTATION
ET L’INCINERATION DES DECHETS
1.- Exige un moratoire de cinq ans sur la construction
d’incinérateurs ou leurs extension, et la fermeture à terme des
existants ;
2.- Exige la promotion de la réduction des déchets à la source
(aussi bien par des changements de comportement du consommateur
que par des changements dans l’industrie) ; exige la
réutilisation et le tri-recyclage pour aboutir à la fin des
incinérateurs et des décharges (que ces dernières soient
appelées « centre d’enfouissement technique » ou « centre de
stockage ») ;
3.- Refuse l’importation et l’exportation des déchets
conformément aux définitions de la Convention de Bâle ;
4.- Exige, par l’intermédiaire des élus locaux et nationaux, un
débat démocratique et transparent sur la gestion des déchets ;
5.- Exige un contrôle accru, inopiné et indépendant des
installations existantes et la diffusion de l’information ;
6.- Exige l’étude indépendante des conséquences de ces
installations sur la santé et l’environnement ;
7.- Appelle toutes les associations confrontées à ces problèmes
à s’associer à cette Charte et à rejoindre la Coordination.
Victor Hugo ESPINOSA
Documentation - Sources :
L'incinération des ordures ménagères (Greenpeace)
La production Propre (Mensuel de la Coordination Nationale
contre l’importation, l’exportation et l’incinération des
déchets)
Les déchets en chiffres ADEME 1994 (Agence De l’Environnement et
de la maîtrise de l’Energie)
Les Verts et la gestion des déchets (Commission des déchets non
nucléaires, les Verts)
Les déchets ménagers (Collectif Danger Incinération Déchets)
Plan départemental d ’élimination des déchets ménagers
(Collectif Danger Incinération Déchets)
(*) Paul CONNET est professeur de chimie à l’Université de St
Lawrence, dans le nord l’Etat de New York. Ce n'est pas un
impérialiste américain car Il étudie la problématique des
déchets depuis onze an et s’intéresse tout particulièrement aux
émissions de dioxines des incinérateurs. Il a donné plus de 1000
conférences publiques dans plus de 30 pays différents.
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