Action 14 :  Juan PICHUN à Marseille
& en Europe, pour la défense du peuple Mapuche

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Présence  exceptionnelle en Europe d’un porte-parole MAPUCHE

 

Une conférence de presse s'est tenue le mardi 16 novembre 2004 à 12 h 30, au local d’ECOFORUM (31 rue Saint BAZILE - 13001 MARSEILLE), précédée d'une action ECOALERTE.

 

 

 

17/11/04 Fils de la terre Marseille Plus
17/11/04 Le cri des indiens Mapuche La Provence

 

 

 

 

Etaient présents:

 

Juan PICHUN, Porte parole du peuple Mapuche

Noëlle MASSE, Responsable Actions en Amérique Latine pour les groupes locaux de Amnesty International Marseille

Richard GUESNIER, Responsable du Groupe Jeunes de Amnesty International Marseille

Victor-Hugo ESPINOSA, Président d'Ecoforum

et une quinzaine de membres de l'équipe ECOALERTE.

 

Communiqué d'ECOFORUM : le contexte de l'action du 16 novembre

 

Le peuple Mapuche constitue une population de un million de chiliens, situé au sud du Chili à 600 kilomètres de la capitale Santiago.

 

ECOFORUM et ECOALERTE soutiennent le combat de Juan PICHUN, porte-parole du peuple mapuche (peuple indigène du Sud du Chili), pour sensibiliser et attirer l'attention des institutions et des citoyens sur les violations des droits de l'homme et les nombreux problèmes environnementaux que subissent les mapuches.

 

Le peuple mapuche constitue environ 10 % de la population actuelle du Chili. C'est le seul peuple originaire d'Amérique latine qui n'a pas été vaincu par la colonisation espagnole. Et nous laissons maintenant le progrès le tuer.

 

Une déforestation acharnée sur leurs terres - dont ils ont été spoliés par les exploitations forestières, le développement des usines de cellulose et des plantations de forêts artificielles provoquent une contamination irréversible des sols, des fleuves, de la mer et de l’air. Les populations mapuches sont aussi intoxiquées à cause des campagnes de fumigation des plantations qui entourent les communautés.

 

De plus, les mapuches doivent faire face à la construction d’un barrage hydroélectrique sur le fleuve Bio-Bio, le plus long fleuve du Chili. Près de 600 hectares de leur territoire, où se trouvent leurs maisons et cimetières, resteront sous les eaux. Le déplacement des familles, consécutif à la montée des eaux, implique la disparition totale du mode de vie ancestral de ces indiens si respectueux de la nature !

 

Malgré les dénonciations et les recommandations adressées au gouvernement chilien par les Nations Unies et par les ONG, les atteintes aux droits économiques, sociaux, culturels et politiques du peuple Mapuche se poursuivent.

 

Juan PITCHUN est venu porter la parole d'une souffrance humaine et écologique, aidons-le à faire connaître la douleur de tout un peuple ! Les pays développés ont une grande part de responsabilité dans cette agression.

  

Noëlle MASSE et Richard GUESNIER:

 

" Tout d'abord, je tiens à saluer Juan PICHUN au nom d'Amnesty International.

 

Je rappelle qu'Amnesty International a déjà mené des actions urgentes au Chili afin non seulement de mettre fin à l'impunité des tortionnaires du coup d'état de 1973, mais aussi dans le cadre de la protection des dirigeants Mapuches injustement accusés de terrorisme.

 

Actuellement, la nouvelle orientation d'Amnesty International prévoit de faire progresser les droits économiques, sociaux et culturels. Elle dénonce la marginalisation et l'exclusion que subissent les personnes dont les droits économiques, sociaux et culturels sont bafoués.

 

Amnesty International considère donc que c'est le cas des indiens Mapuches qui voient leurs terres dilapidées, par une politique sauvage qui ignore leur droit à la terre, leur droit d'en vivre. Non seulement ils encourent des risques écologiques, mais aussi leur droit à l'existence en tant que peuple est menacé.

C'est pourquoi la section française d'Amnesty International apporte son soutien à la démarche de Juan PICHUN et prévoit de le recevoir à Paris cette semaine.

 

Nous souhaitons que l'appel de son peuple soit entendu le plus largement podssible et que son combat se solde par la sauvegarde de leur existence et de leur culture sur leurs propres terres."

 

Juan PICHUN, témoignage:

 

" C'est en tant que fils du "lonko" (chef Mapuche), Pascual PICHUN, accusé injustement de menaces terroristes et emprisonné depuis deux ans et demi pour une condamnation de cinq ans, que je suis venu en Europe pour témoigner de l'injustice dont souffre mon père et mon peuple.

 

Les trois principaux problèmes auxquels le peuple Mapuche est confronté sont:

-           la construction du barrage Ralco,

-           la déforestation et la fumigation des plantations autour des communautés,

-           le développement d'un site touristique.

 

La construction du barrage Ralco provoquerait l'inondation de 3500 hectares de terres où une grande partie des Mapuches habite.

 

De nombreuses personnes vivent dans la clandestinité pour défendre leur terre, qui est, dans la culture mapuche, fondamentale à leur existence.

"Mapuche" signifiant "gens de la terre", celle-ci est l'élément fondamental pour la culture, la religion et l'économie. La terre serait la mère et ses habitants ses enfants; elle constitue le lien qui les unit.

C'est pourquoi les Mapuches se battent contre la déforestation, qui est non seulement un problème d'écologie, mais aussi et surtout une grande atteinte à leur culture et à leur existence, notamment par la destruction des plantes médicinales traditionnelles.. De plus, l'eau est contaminée par les désherbants utilisés contre les "mauvaises herbes" dans les plantations de pins ainsi que par la fumigation – qui détériore la qualité de l'air.

 

Dans notre combat, nous défendons notre espace, notre vie.

Pourtant, nous sommes accusés de terroristes, d'usurpateurs, selon la loi anti-terroriste de Pinochet, conservée malgré le changement de gouvernement..

Les accusateurs utilisent l'intimidation en faisant appel lors des procès à des témoins cachés, dont on ignore l'identité. Ces pratiques visent à effrayer les indiens qui ne peuvent se défendre.

 

Malgré une résistance démocratique et pacifique, nos représentants sont considérés comme terroristes; aucune victime n'a, en effet jamais été déplorée du côté des policiers, alors qu'un jeune de 17 ans a été tué en novembre 2002 lors d'une manifestation.

 

C'est pourquoi ma mission en venant en Europe est de dénoncer le massacre d'un peuple à l'ensemble des pays qui considèrent que le Chili est un pays démocratique, sortit de l'emprise de la dictature, qui respecte les droits de l'homme..

Ainsi, je compte également alerter la Fédération des Droits de l'Homme, Amnesty International et les Associations écologistes, sur un problème local qui réflète un problème planétaire.

Nous attendons qu'ils exercent des  pressions pour le respect des droits collectifs de la communauté Mapuche.

 

Sans aide internationale, le peuple Mapuche ne pourra se défendre. "

  

Victor-Hugo  ESPINOSA :

 

" ECOFORUM se réjouit d'être à côté de Amnesty International et de Juan PICHUN pour montrer que dans la notion de développement durable, les droits de l'homme sont une variable incontournable.

 

Nous voyons que les droits de l'Homme sont bafoués en même tant que l'environnement est massacré, et tout cela au nom du "progrès", bien souvent cautionné par les politiques des pays "riches".

 

Ayant été moi-même soutenu par Amnesty International lors du coup d'état de PINOCHET, je suis très touché à mon tour de soutenir la démarche de Amnesty International envers les Mapuches, qui font partie de mes racines. "

 

Article extrait du Monde l'édition du 14.11.04:

 

Les Mapuches patagons en bataille contre Benetton

LE MONDE | 13.11.04

Rome de notre correspondant

Protagonistes de l'histoire : la famille Benetton, les Indiens Mapuches de Patagonie et le Prix Nobel de la paix argentin Adolfo Perez Esquivel. Premier propriétaire terrien du sud de l'Argentine, avec ses 900 000 hectares où ont été investis 80 millions de dollars dans l'élevage ovin, le groupe textile italien s'est retrouvé en conflit avec un couple d'indigènes qui avait occupé un lopin de terre.

La justice a donné raison aux Benetton, mais en termes d'image le prix risque d'être élevé pour les célèbres fabricants de pulls colorés. Luciano Benetton avait proposé 2 500 hectares "de bonne qualité" à la communauté indigène à travers M. Perez Esquivel, venu en Italie pour le sommet annuel des Nobel de la paix. Le lauréat argentin avait été choisi "pour son intégrité" et "sa connaissance de la Patagonie", afin d'"utiliser ces terres de la manière la plus adéquate au bénéfice des populations indigènes locales", expliquait M. Benetton. Ce geste "symbolique, mais à la fois concret", dans la ligne de la "philosophie d'entreprise", était la clé pour retrouver une "unité dans la diversité des peuples de Patagonie".

Mais les Mapuches ont refusé de jouer le jeu. "On ne peut pas se faire offrir une terre qui vous appartient déjà",ont plaidé leurs représentants, présents eux aussi à Rome pour l'occasion. Le médiateur n'a pas voulu non plus jouer le rôle que Benetton avait imaginé pour lui : "Personne ne peut servir de garant pour des terres qui ont déjà appartenu au peuple mapuche, encore moins un Prix Nobel de la paix", a déclaré Adolfo Perez Esquivel.

Le Prix Nobel avait pris la défense du couple d'Indiens dans leur litige avec la Compania de Tierras Sud Argentino, contrôlée depuis 1991 par la famille Benetton. Dans le style David contre Goliath, le procès avait passionné l'Argentine. Atilio Curinanco et Rosa Nahuelquir avaient occupé un terrain de 385 hectares, jusqu'au jour où les policiers étaient venus les chasser. Les titres de propriété présentés par la Compania de Tierras Sud Argentino ont convaincu les juges, mais pas l'opinion publique. Ces terres, octroyées par l'Etat à dix grands propriétaires terriens anglais à la fin du XIXe siècle, sont devenues pour les Argentins le symbole d'une "injustice nationale".

Salvatore Aloïse