RECYCLONS 13

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Incinération des déchets

 LES OUBLIS DE MONSIEUR ASSANTE

 En réponse à la tribune libre de M. Assante, président de la commission Déchets, Eau et Assainissement de la Communauté Urbaine Marseille-Provence-Métropole, publiée dans Le Pavé du 8 mai 2003.

 Selon M. Assante, les pollutions atmosphériques (métaux lourds, acides, dioxines, …) générées par l’incinérateur seront très faibles, grâce à l’application des normes édictées en 2002. Certes, ces nouvelles normes réduisent considérablement les quantités de polluants atmosphériques par m3 de fumée, mais compte tenu de l’énorme tonnage de déchets qui sera incinéré, les émissions polluantes seront, au total, très importantes. Par exemple, l’incinérateur rejettera, aux normes 2002, 270 mg de dioxines par an, sauf accident, ce qui représente un peu plus d’un quart de ce que rejetait en moyenne (1 gramme) chacun des petits incinérateurs récemment fermés (celui de Gilly-sur-Isère par exemple). Or les dioxines ne se détruisent pas dans la nature et elles se concentrent dans les graisses du vivant, tout particulièrement dans le lait des animaux et des mères allaitantes. Or, elles sont cancérigènes ou mutagènes à des doses infinitésimales. (Nous attendons d’ailleurs toujours la réponse du Dr Jean-François Mattéi, Ministre de la Santé et conseiller communautaire de Marseille-Provence-Métropole, que nous avons alerté sur les dangers sanitaires de l’incinération).

 Concernant les quantités, M. Assante ne dit pas tout : l’article laisse entendre qu’on incinérera 50 % des ordures de Marseille-Provence-Métropole, soit 300 000 tonnes par an, ce que M. Assante avait toujours annoncé et qui représente déjà une installation énorme, mais à cela on vient d’ajouter au dernier moment une tranche de 150 000 tonnes dont l’utilisation sera proposée à d’autres collectivités locales !

 D’autre part, l’article ne dit pas un mot sur la pollution entraînée par résidus solides :

-  les mâchefers, qui représentent en poids 30 % des déchets initiaux, contenant des composés toxiques produits par l’incinération ;

-  les résidus de filtrage extrêmement toxiques (REFIOM, résidus de classe I).

Donc contrairement à ce que dit le début de l’article, on aura toujours besoin de décharges, pour des quantités certes moindres qu'aujourd'hui, mais bien plus dangereuses. Pire, M. Assante a précisé, en d’autres occasions, que les mâchefers les moins toxiques seraient utilisés comme sous-couche de routes … c’est-à-dire que leurs composants  se diffuseront dans le sol avec les eaux de ruissellement : pollution lente, durable, incontrôlable, mais jusqu’à présent légale !

Produire des polluants persistants, qui n’existent pas dans les ordures initiales, est-ce là ce que M. Assante appelle « la seule solution réaliste » ?

 Non-dits et incohérences !

 M. Assante affirme que « une fois trié, recyclé ou composté tout ce qui peut l’être, 50 % des déchets ne sont valorisables que sous forme d’énergie thermique produite par l’incinération ». Or, d'une part, le rendement énergétique de l’incinération est très faible : un incinérateur de 300 000 tonnes ne produirait guère que 18 GWh par an d'électricité, soit 0,05 % de la consommation électrique de notre région (alors que le recyclage des plastiques et des métaux permet des économies d’énergie non négligeables !). D'autre part, la proportion de 50 % de déchets incinérés est totalement arbitraire. A Madrid par exemple, où l’on traite les ordures de trois millions d’habitants par tri industriel et recyclage, on en incinère moins de 20% ; mêmes techniques à Almagro, encore en Espagne, pour une zone de 200 000 habitants, sans aucune incinération. Il est donc faux d’affirmer, comme le fait M. Assante, que l’incinération est « partout en Europe (…) la seule solution technique, maîtrisée et sûre qui permette de traiter des déchets produits en quantité industrielle ». Comment font alors les Pays-Bas, qui ont proclamé un moratoire sur l’incinération ?

 Selon le Plan Départemental d’Elimination des Déchets des Bouches-du-Rhône, c’est 83 % du contenu des poubelles qui est recyclable.

Recyclable comment ? Le projet de MPM prévoit la mise en place de tout un éventail de techniques : collecte sélective, tri industriel, filières de recyclage, compostage des déchets organiques, voire méthanisation. La faisabilité des méthodes proposées par les défenseurs de l’environnement est donc officiellement reconnue (il n’y manque que l’incitation à la réduction des déchets à la source). Mais bizarrement, Messieurs Assante et Gaudin s’interdisent de développer ces techniques au-delà d’une barre de 50 %. Pourquoi cette incohérence ?

Cette obstination à réserver 50 % des déchets à l’incinération ne serait-elle pas l’expression d’un choix économique ?

 La question des coûts est un autre grand absent du plaidoyer « réaliste » de M. Assante.

Or d’après les indications données dans la délibération du Conseil de la Communauté Urbaine, on peut estimer à 360 millions d’Euros les investissements nécessaires sur 20 ans.
À qui profitera une telle dépense, si ce n’est au groupe Suez-Lyonnaise des Eaux qui a, déjà, passé un accord avec le Port Autonome pour l’utilisation du terrain à Fos-sur-Mer ? … à moins qu’il n’y ait la candidature de Vivendi, l’autre multinationale qui partage avec la Lyonnaise une situation de quasi-monopole sur les techniques d’incinération. A l’opposé,
le développement du tri et du recyclage coûterait beaucoup moins cher, créerait environ dix fois plus d’emplois, et permettrait à la Communauté Urbaine de développer un partenariat avec des entreprises locales et des associations, sans se lier les mains avec un contrat sur vingt ans.

Ces aspects économiques font partie du débat qui aurait dû avoir lieu avec les citoyens, et que les associations qui ont constitué le collectif Recyclons 13 entendent mettre en œuvre avant que ne soient prises des décisions irrémédiables tant pour notre santé que pour les finances publiques.

 Joël MARTINE,

Représentant d’ATTAC dans le collectif d’associations Recyclons 13

 Prochaine action : manifestation contre l’incinérateur samedi 31 mai 2003 à 14h30 aux Réformés.

Pour en savoir plus : Recyclons13@yahoogroupes.fr ; Recyclons13, 26 Bd des Dames 13002 Marseille ; tél. 04 91 92 61 77. Voir aussi le site marseillais  http://incinerateur.non.free.fr