RECYCLONS 13

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Lettre aux élus de la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole

 

Madame, Monsieur,

 

Vous allez être amenés à discuter sur le projet de schéma général de gestion des déchets ménagers et assimilés établi par la Direction de Projets du Pôle Ecologie Urbaine de Marseille Provence Métropole.

Ce projet, fort intéressant, comporte trois volets :

1)      la valorisation matière, par recyclage et compostage, de 27 % des déchets à l’horizon 2004  et de 41 % en 2007, au-delà même des prescriptions préfectorales qui imposent 20 % en 2004 et 50 % en 2009 ;

2)      la création d’une unité de valorisation énergétique par traitement thermique pour 300.000 tonnes/an ;

3)      la fermeture, fin 2006, du centre de stockage de la Crau.

 

Au-delà des discussions sur les taux de valorisation pris en compte (l’Ademe retient un taux de matières sèches de 10 % à prendre en compte pour les boues des stations d’épuration et non 50% ; de plus, elle ne tient pas compte des gravats (8,5 %) dans la valorisation) nous sommes tout à fait favorables au premier volet développé dans ce projet et nous souhaitons pouvoir y participer afin d’aider à la réussite des objectifs poursuivis.

 

Pour autant, à la lumière des chiffres avancés, que nous avons repris dans le tableau suivant,  nous nous posons des questions sur les 2 autres volets :

 

 

 

en tonnes

Production de déchets

Recyclage matière

Valorisation biologique

Incinération

Centre de stockage

Décharge toxique

Résidus

Mâchefers

REFIOM

2004

640.000

98.000

76.000

0

466.000

0

0

2007

650.000

180.000

136.000

300.000

34.000

75.000

10.000

Nota : l’incinérateur de Toulon produit 40% de mâchefers, ce qui correspondrait à 120.000 tonnes.

 

-         si l’incinérateur existe, il resterait plus de 100.000 tonnes de déchets résiduels à mettre en décharge. Or, avec la fermeture de la décharge de la Crau, il ne restera que la décharge de Septèmes qui reçoit 8000 tonnes/an de déchets ménagers, le solde étant utilisé pour les déchets industriels. Selon l’étude de la DDE présentée le 27 janvier dernier à la Commission de Suivi du Plan Départemental, il y aura en 2007 un déficit de 250.000 tonnes environ pour la mise en décharge : la communauté urbaine MPM ne peut donc faire l’impasse de la création d’une nouvelle décharge.

 

-         Même si une grande partie de mâchefers est utilisée en remblai routier, ce que nous refusons car c’est transformer nos routes en décharge, d’où les éléments polluants pourront contaminer sans restriction l’environnement, il en restera une part appréciable qu’il faudrait mettre en centre de stockage. (50000 tonnes de mâchefers valorisables en remblai routier peuvent comporter jusqu’à 500 tonnes de sulfates, 75 tonnes de carbone organique, 500 kg de plomb, 100 kg d’arsenic, 75 kg de chrome hexavalent, 50kg de cadmium et 10kg de mercure, sans compter les dioxines et furannes adsorbées par le résidu).

 

Il devient donc nécessaire que, dès à présent, MPM s’engage dans des études de recherche de site pour réaliser une nouvelle décharge qui prendra la suite de la décharge de la Crau.

 

-         En application de la dernière directive européenne, l’incinérateur pourrait rejeter dans l’atmosphère chaque année près de 600 tonnes de produits toxiques :360 tonnes d’oxyde d’azote ; 90 tonnes de dioxyde de soufre et autant de monoxydes de carbone ; 18 tonnes d’acide chlorhydrique, autant de poussières et la même quantité de composés organiques ; 1800 kg d’acide fluorhydrique et 1800kg de nickel et d’arsenic ; 900 kg de métaux lourds et 180 kg de cadmium et de mercure gazeux. De plus, il pourrait rejeter 180 mg de dioxines équivalent-Sévéso, un « polluant organique persistant », c’est-à-dire qui ne se détruit pas dans la nature et qui s’accumule dans les organismes vivants. S’il n’en était ainsi, tout élu aurait à cœur de recevoir l’incinérateur dans sa commune !

 

-         Si aucune directive gouvernementale n’a encore été prise contre l’incinération, ce que nous regrettons, nous tenons à vous informer que le Sénat, vient d’adopter, dans sa séance du 4 mars 2003 le projet de loi autorisant l’approbation de la convention sur les polluants organiques persistants faite à Stockholm le 22 mai 2001, qui indique  que :"Les rejets de produits …émis de manière non intentionnelle, notamment par des incinérateurs, par exemple les dioxines, doivent être très rapidement éliminées."

 

Dès lors, il devient urgent face aux problèmes posés, et sans compter les oppositions, dont la nôtre, contre ce type de réalisation, de renoncer, ou du moins de surseoir à la création d’un incinérateur.

 

Enfin, le projet qui devrait être soumis à votre décision ne comporte aucune évaluation financière, ce qui est contraire au souhait du Préfet qui a demandé, avec ce projet un planning de réalisation, ce qui est fait, et un plan de financement, ce qui n’est pas réalisé.

Or, le coût d’investissement de l’incinérateur, de l’ordre de 300 euros par tonne, pourrait être évalué aux alentours de 100 millions d’euros  (environ 60 milliards de centimes !) ; il faudrait y rajouter aussi les coûts de mise en décharge, notamment des résidus d’épuration de fumée (REFIOM) qui amenés à Bellegarde dépasseraient 2 millions d’euros chaque année.

Tous ces investissements capteront des financements qui pourraient être investis dans la collecte sélective et la valorisation matière.

 

Ainsi, pour être en conformité avec les textes réglementaires et le Plan Départemental, la Communauté Urbaine MPM pourrait s’attacher à :

-         développer les actions de valorisation matière, conformément au projet présenté ;

-         rechercher un nouveau site de décharge, avec le soutien du monde associatif ;

-         écarter toute « valorisation énergétique ».

 

Nous espérons que, dans un premier temps, les réflexions développées ci-dessus puissent vous amener à demander des compléments aux rédacteurs du projet dès la réunion de la commission et, au besoin, de le faire évoluer. Pour notre part, nous sommes à votre disposition pour tout renseignement complémentaire ou débat, y compris contradictoire.

 

Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, en l’expression de notre ferme détermination.  

 

 

Pour Recyclons 13 :

 

-         Jean Reynaud,  Collectif Danger Incinération Déchets ;

-         Franck Dumas et Jean Chapelot, Ecolog’Istres ;

-         Joël Martine, ATTAC;

-         Arnaud Bouteiller, Greenpeace,

-         Pierre Virey, ADEBVH